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V

Au fond des abîmes

Un choc l’arrêta. Non le choc raide de la chute sur le granit, mais un choc élastique, assez violent, toutefois, pour l’étourdir. Quand il reprit conscience, il se trouva suspendu dans la pénombre et, se tâtant, il découvrit qu’une saillie avait accroché son sac d’outils. Les courroies du sac, rattachées à son torse, le retenaient : faites, comme son échelle, en fibres d’arcum, il savait qu’elles ne céderaient point. En revanche, le sac pouvait se détacher de la saillie.

Targ se sentait étrangement calme. Il calcula sans hâte ses chances de perte et de salut : le sac embrassait la saillie près de l’attache des courroies, en sorte que la prise était bonne. L’explorateur tâta la paroi rocheuse. Outre la saillie, sa main rencontra des surfaces raboteuses, puis le vide ; ses pieds trouvèrent, vers la gauche, un appui que, après quelques tâtonnements, il jugea être une petite plate-forme. En empoignant la saillie d’une part, en s’étayant, d’autre part, sur la plate-forme, il pouvait se passer d’autre soutien.

Quand il eut choisi la position qu’il estima la plus commode, il réussit à détacher le sac. Plus libre alors de ses gestes, il darda de toutes parts