Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/64

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sure s’agrandissait à chaque pas. Et il avançait dans une sorte de somnambulisme, s’attendant à de nouveaux obstacles, lorsqu’il crut revoir un gouffre.

Il ne se trompait point. La fissure aboutissait au vide ; mais, vers la droite, une masse déclive se détachait, énorme. Pour y atteindre, Targ dut se pencher au-dehors et se hisser à la force des poignets.

La pente était praticable. Lorsque le veilleur eut parcouru une vingtaine de mètres, une sensation étrange le saisit, et découvrant son hygroscope il le tendit sur le gouffre. Alors, il sentit positivement la pâleur et le froid se déposer sur son visage…

Dans l’atmosphère souterraine, une vapeur flottait, invisible encore à la lumière. L’eau était venue !

Targ poussa une clameur de triomphe ; il dut s’asseoir, paralysé par la surprise et la joie de la victoire. Puis, l’incertitude le reprit. Sans doute le fluide vivant était là, il allait apparaître ; mais la déception serait plus insupportable, s’il n’y avait qu’une source insignifiante ou une faible nappe. À pas lents, plein de crainte, le veilleur reprit la descente… Les preuves se multiplièrent ; un miroitement s’apercevait par intervalles…

Et brusquement, tandis que Targ contournait une saillie verticale, l’eau se révéla.