Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/79

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Pour obtenir quelques notions complémentaires, on avait tenté des travaux dans le roc ; un éboulement fit naître des craintes. Le remaniement ne pouvait-il déterminer des fissures, par où les eaux se perdraient ?

Agre, l’ancêtre du Grand Conseil, avait dit :

— Cette eau nous a été donnée par le Désastre ; sans lui, elle nous fût demeurée inaccessible. Peut-être aussi a-t-il creusé sa route actuelle. N’exécutons point de travaux incertains. Il suffit que nous ayons mené à bonne fin ceux qui étaient indispensables…

Cette parole ayant paru sage, on se résigna au mystère.

Vers la fin du crépuscule, le niveau baissa plus lentement ; une onde d’espoir courut sur l’oasis. Mais les chefs des Eaux ni Targ ne partageaient cette confiance : si la déperdition s’atténuait, c’est que le niveau était descendu au-dessous des plus grosses fissures d’écoulement. L’eau contenue actuellement dans le lac pouvait descendre à quatre mètres et, si les sources demeuraient inaccessibles, ce serait, avec la provision de réservoirs, toute l’eau possédée par les Derniers Hommes.

Toute la nuit, les machines des Terres-Rouges creusèrent les nouveaux réservoirs ; toute la nuit aussi, l’eau, mère de vie, ne cessa de se perdre, dans les abîmes de la planète. Au matin, le niveau était