Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/80

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descendu à huit mètres, mais deux réservoirs étaient prêts qui reçurent rapidement leur provision ; ils absorbèrent trois mille mètres cubes de liquide.

Leur remplissage abaissa encore le niveau ; l’on vit apparaître l’orifice de la première source. Targ y pénétra avant tout le monde et s’aperçut que le sol avait subi des transformations récentes. Plusieurs crevasses s’étaient formées, des masses de porphyre obstruaient le passage ; il fallait provisoirement renoncer à définir le désastre.

Une seconde journée passa, funèbre. À cinq heures, l’écoulement souterrain et le remplissage d’un réservoir abaissèrent les eaux à la hauteur de la seconde source, dont l’orifice avait complètement disparu.

À partir de ce moment, la perte cessa ; il devint presque inutile de hâter la construction de nouveaux réservoirs. Rem n’en persista pas moins à terminer sa tâche : et, pendant six jours, les hommes et les machines de l’oasis travaillèrent.

À la fin du sixième jour, Targ, harassé et le cœur fiévreux, méditait devant sa demeure. Des ténèbres argentées enveloppaient l’oasis. On apercevait Jupiter ; une demi-lune aiguë fendait l’éther : sans doute, la grande planète aussi créait des règnes qui, après avoir connu la fraîcheur de la jeunesse et la force de l’âge mûr, se mourraient de pénurie et d’angoisse.

Érê était venue. Dans un rai de lune, ses grands