Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

varié. Au matin seulement, le grand réservoir s’est brusquement effondré. En dix minutes, l’eau était perdue. Dans le réservoir du Sud, les fissures se sont déclarées il y a une demi-heure. On pourra tout au plus sauver le tiers du contenu.

Targ avait la tête basse, les épaules rentrées ; il était comme un homme qui va s’écrouler. Et il murmura, plein d’horreur :

— Est-ce, enfin, la mort des hommes ?

La catastrophe était complète. Comme on avait épuisé, pour les besoins de l’oasis, tous les réservoirs de granit, hors ceux que venait de frapper l’accident, il ne restait d’eau que celle qu’on tenait dans les bassins d’arcum. Elle suffirait à désaltérer cinq ou six cents créatures humaines pendant une année.

Le Grand Conseil se réunit.

Ce fut une assemblée glaciale et presque taciturne. Les hommes qui la composaient, à part Targ, étaient parvenus à l’état de résignation parfaite. Il n’y eut guère de délibération : rien que la lecture des lois et un calcul basé sur des données invariables. Aussi les résolutions furent-elles simples, nettes, impitoyables.

Rem, grand chef des Eaux, les résuma :

— La population des Terres-Rouges se monte encore à sept mille habitants. Six mille doivent, aujourd’hui même, se soumettre à l’euthanasie. Cinq cents mourront avant la fin du mois. Les