Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/88

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autres décroîtront de semaine en semaine, de manière à ce que cinquante humains puissent se maintenir jusqu’à la fin de la cinquième année… Si, alors, des eaux nouvelles ne sont pas découvertes, ce sera la fin des hommes.

L’assemblée écoutait, impassible. Toute réflexion était vaine ; une fatalité incommensurable enveloppait les âmes. Et Rem dit encore :

— Les hommes et les femmes ayant dépassé quarante ans ne doivent pas survivre. À part cinquante, tous accepteront l’euthanasie aujourd’hui même. Pour les enfants, neuf familles sur dix n’en conserveront point ; les autres en garderont un seul. Le choix des adultes est fixé d’avance : nous n’aurons qu’à consulter les listes de structure.

Une faible émotion agita l’assemblée. Puis, les têtes s’inclinèrent, en signe de soumission, et la foule du dehors, à qui les ondifères avaient communiqué la délibération, se taisait. À peine si quelque mélancolie assombrissait les plus jeunes…

Mais Targ ne se résignait point. Il rejoignit d’un élan sa demeure où Arva et Érê l’attendaient déjà, frémissantes. Elles tenaient contre elles leurs enfants ; l’émotion les soulevait, l’émotion jeune et tenace, source de l’antique vie et des vastes avenirs.

Près d’elles, Manô rêvassait. Leur trouble ne l’avait surpris qu’une minute. Le fatalisme était sur ses épaules comme un roc.

À la vue de Targ, Arva s’écria :