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Page:Rosny aîné - La Vague rouge.djvu/25

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Tout le monde approuva, mais le père Meulière se mit à dire :

— On ne détruira pas l’instinct de propriété !

— Sans doute, fit sévèrement l’homme. On lui donnera une meilleure forme. La propriété ne sera pas détruite, parce que les mines, les fabriques, les champs seront exploités par tout le monde.

— C’est-à-dire par personne !

— Nous discuterons cela une autre fois. Si les camarades présents veulent se réunir un de ces soirs, nous pourrons parler du régime industriel et du régime superindustriel. Vous verrez alors qu’il ne s’agit pas d’abolir la propriété ; il s’agit de l’étendre. Si les moyens de production doivent appartenir à tous, si les accapareurs de puissance et de richesse doivent être supprimés, il ne s’ensuit pas que l’homme ne jouira pas de biens personnels, au contraire ! Provisoirement, ces questions n’ont pas une extrême importance. Ce qui importe, c’est que les artisans passent de l’état prolétaire à l’état libre — chose impossible si l’on n’organise pas à fond les syndicats, les grèves et même le sabotage. Salut !

Il passa lentement à travers les rangs des consommateurs, et disparut au fond de la rue obscure. Il laissait une trace dans les cerveaux, une image singulière, approfondie par les circonstances, par la disposition des esprits, par une apparition brusque, nette et opportune :

— Qui que c’est ? demanda Pouraille.

— Ça doit être un type de la Confédération générale du travail, répondit un typographe.