Page:Rosny aîné - La Vague rouge.djvu/415

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ment de meute. Alfred le Rouge occupait une encoignure avec Vérieulx, Edmond Seffens et Bardoufle. On apercevait Fallandres, le petit Taupin, Isidore Pouraille, Berguin-Sous-Presse, Haneuse-Clarinette, Bousquet la Trogne, Vagrel, Piston, Gourjat, revenu par la venelle, Perregault, goguenard et acrimonieux, Auguste Vanneraud, Bollacq, Filâtre, Cambrésy, Levesque, trois maréchaux ferrants, issus de la Râpée, deux vidangeurs descendus de la Butte-aux-Cailles, le père Meulière, Boirot Cosaque et Félicien Canard, l’empereur du jeu de bouchon.

— Qu’est-ce qu’on attend ? cria Filâtre d’une voix de tête, vrillante et acide. On est ici comme des trous du c… Faut qu’on marche !

— On marchera ! meuglèrent Dutilleul et les Six Hommes.

— Et après ? goguenarda le petit Taupin. Y aura rien ! Les syndicats ne bougent pas. À preuve !

Son doigt désigna circulairement les syndiqués grouillant autour des tables. Cette observation jeta un froid. Dutilleul affirma, comminatoire :

— Le mot d’ordre viendra à son heure !

— D’où donc que j’y coure ?

— Le citoyen Rougemont te le dira ! fit aigrement Pouraille.

L’alcool ruisselait généreusement par ses méninges : ses vues, toujours plus vastes, embrassaient Paris, la France et le vague univers déposé en lui, au hasard des parlottes. Il frotta ses mains sur son ventre :

— Tu crois que la Confédération irait confier son secret à un tas de poires qui le raconteraient à leurs fumelles ? En sorte que les capitalistes et les jésuites auraient le temps de se défiler. Le mot d’ordre est au chaud ! Quand il sortira, les bourgeois seront cuits.

Gourjat fit entendre son résonateur :