Page:Rosny aîné - La Vague rouge.djvu/519

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— Boilà ! Il paut la correction pysique… la pessée. Arquepincez-moi trois ou quatre meneurs jaunes au demi-cercle, déculottez-les et paites marcher la machine à coups de pied et la lanière de cuir. Je bous réponds que les autres caneront. La boilà, l’action directe !

Ces paroles réjouirent les âmes ; il y eut une bonne arrosée de rires.

— Faut y ajouter un bain dans la moutarde de fesses, ricana Lamotte, dont les cheveux de cuivre rouge s’allumaient au soleil couchant.

Valbroucq, l’Homme-Pilon, leva ses bras énormes. C’était une magnifique brute blonde, à la toison de bélier, qui soulevait un cheval :

— Je parie que je vous enlève deux renards à moi tout seul… un sous chaque bras. Et ça ne serait pas long.

Un nommé Fichet, d’allégresse, grimpa sur les épaules de Valbroucq.

— Blaguons pas ! tonna une voix.

Auguste Semail gravissait le tas de coke. Il s’y calait difficilement, sur ses pieds plats, féroce et presque tragique :

— Camarades, dit-il, Barraut a raison, faisons une rafle parmi les meneurs jaunes. Ensuite, on verra à faire un exemple. Les Jaunes n’en mènent déjà pas large… Et assez de discours ! Voulez-vous qu’on aille les cueillir à la sortie ?

Se tournant vers un grand homme glabre, qui venait de la C.  G.  T., il demanda :

— C’est pas votre avis, camarade Bourrat ?

— Vous êtes maître de vos moyens ! répondit le camarade.

— C’est pas mon avis, à moi ! glapit un travailleur au pelage blanc et à la physionomie de blaireau. Les coups, ça fait de la rancune. Est-ce que nous sommes venus à vous, Barjac et moi, puis eux autres, parce qu’on nous a tapé dessus ? J’aurais