Page:Rosny aîné - La Vague rouge.djvu/545

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lèles et presque infiniment dissemblables… Il s’affaiblissait ; un sommeil étouffant pesait sur sa poitrine ; le délire renversait les frêles échafaudages de sa pensée ; à chaque minute, sa conscience était plus courte et plus obscure. Son souffle devint rude. La préhistoire de son âme monta, puis il eut une lueur brusque, qui fut merveilleuse ; il soupira de béatitude :

— Oh ! l’avenir… la beauté… vous voir toujours, Christine !

Tout de suite, le vent d’agonie souffla cette lueur ; il bégaya au hasard ; les sensations et les images s’emmêlaient comme les herbes, les pétales, les ramilles emportés par la rivière ; le bruit affreux de la mort commença ; les yeux se ternirent et devinrent aveugles ; les mains tâtonnèrent, à la recherche de l’inconnu ; puis la poitrine s’éleva et retomba : la petite aventure humaine s’évanouit au gouffre des formes perdues.



FIN