Page:Rosny aîné - Le Cœur tendre et cruel, 1924.djvu/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les cloches sonnaient la Pâque du cœur. Il y avait abondance dans les futaies et les herbages ; les rivières versaient leur âme transparente ; le vent soufflait sans entraves sa force et sa fécondité… On sentait que tant de vies et tant de morts n’avaient pu défraîchir ni le pétale encore enclos, ni l’adulte jaillissant de l’enfance… Quand Georges vous baisait la bouche, ô Marie ! tout ce qui l’avait ému depuis sa naissance était dans ce baiser, toute sa mémoire de l’esprit et des sens, tout ce qu’il avait reçu par héritage des peuples d’hommes dont chacun est issu. Malgré tous les mensonges que vous vous étiez racontés, malgré les petites faussetés et les petites trahisons qui vous avaient menés sous le hêtre, vous aviez fini par être aussi sincères que les bêtes qui se pourchassent dans le désert. À cette sincérité, vous joi-