Page:Rosny aîné - Le Cœur tendre et cruel, 1924.djvu/126

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encore que dans les ténèbres du mot, une même agitation, une même ruse, inclinaient leurs têtes. Mais la petite Rose était éparse et enfantine, tandis que Georges connaissait son péché pour n’avoir pas cessé de l’accomplir, en pensée, avec des centaines de passantes.

À la fin, il voulut parler, et soulevant ses mots ainsi que des fardeaux :

— Vos cheveux sont beaux comme le soleil ! bégaya-t-il.

Elle se mit à rire, d’un rire faux, charmant et agressif, avec ce halètement de la gorge, ce rythme saisissant et doux, qui n’a toute sa grâce que chez les oiseaux et les jeunes femmes. D’une main qui tremblait si fort qu’il dut s’y reprendre, il saisit la tresse lumineuse et la porta lui-même à son visage. Voyant que la petite se penchait, il posa