Page:Rosny aîné - Le Cœur tendre et cruel, 1924.djvu/172

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ments de la chair… La prévoyance ne reprend droit de cité qu’aux heures douloureuses, parce que, alors, elle devient bienfaisante.

Avec méthode et raffinement, il bâille, il s’étire, il respire l’air redevenu jeune comme la première feuille. Il vit, et cette vie est immense. Elle s’enfonce dans l’infini, elle s’élève jusqu’aux nuages ; elle s’épanouit comme les roses, coule comme les eaux pures dans la montagne ; elle est plus nombreuse que les némocères au crépuscule, plus bourdonnante que les abeilles et plus palpitante que les étoiles…

L’étendue est taciturne. À peine, à de longs intervalles, et très loin, un frisson d’artillerie se perd dans la voix de naïade d’une rivière. Elle mène sa course enchantée parmi les saules antiques, les glaives fins des