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Page:Rosny aîné - Le Cœur tendre et cruel, 1924.djvu/77

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neuse coupait le courant ; il y avait de longs flots, aux versants creux, où le paysage se déformait indéfiniment, comme dans une collection de glaces concaves. Une lumière sèche, se réverbérant sur les rives, donnait aux cavernes humaines un air stérile et malheureux. Vers Grenelle, les routes se firent crapuleuses. Il y avait peu de monde sur le bateau. Une grosse femme répandait l’odeur des caisses où l’on élève des lapins ; une autre tenait dans son giron un coq sans crête ; deux individus en blaude ardoise mêlaient des histoires de bœufs, d’abattoirs et de godaille ; quelques faces éteintes et monotones voilaient, peut-être, des fièvres furieuses ou des neurasthénies écrasantes.

Marie et Georges enduraient cette espèce d’asphyxie des gens qui partagent une aven-