que je vivais sur la Terre ne sera qu’une vie restreinte. Les puissances nouvelles de mon être se perdront là-bas ; il faut abandonner l’admirable créature qui les a fait naître.
Vivrait-elle sur la Terre ? Elle supporte sans peine la pression de l’air de notre Stellarium, mais elle n’y séjourne que peu de temps. Si elle mourait, je croirais avoir commis le plus abominable crime.
Il ne serait certes pas impossible de lui créer là-bas une demeure à son usage et, pour les sorties, un appareillage semblable à celui que nous employons ici, encore que dans un sens opposé : raréfaction au lieu de condensation.
Je reverrai toujours ce matin d’été. Il m’apparaît plus doux, plus tendre, plus charmant, au bord du lac, parmi une végétation plus étrange que le serait, pour nous Terrestres, la végétation des temps secondaires. Seulement, ce n’est pas ici une végétation des âges primitifs mais des derniers âges.
Un troupeau d’herbivores verts et rouges paît le rivage ; des Aériens passent au ciel, et dans l’eau lourde apparaît une faune d’abîme.
Nous allons à pas lents, en toute sécurité : je suis pourvu de puissants radiateurs.
Comme nous pourrions être heureux ! Et même maintenant, l’avenir cesse d’être redoutable dans l’atmosphère de ma Compagne.
J’ai dit le mot des grandes mélancolies : départ. Il a sonné le glas et Grâce, suppliante :