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LES NAVIGATEURS DE L’INFINI

Quoique de grande taille, ce n’était pas un colosse. Bientôt il commença à rétrograder. D’abord lentement, puis à vive allure.

Livide, les membres inertes, Violaine avait l’aspect indéfinissable des morts. Je me baissai pour la soulever, lorsque Jean et Antoine parurent.

Nous nous regardâmes. Nous n’osions pas parler. L’impassible Antoine paraissait aussi consterné que nous. Enfin, tremblant de tous ses membres, Jean murmura :

« Je suis un misérable ! »

Il n’avait pas besoin de compléter la phrase : je sentais et je partageais son remords. Je m’estimais comme lui responsable.

Antoine, cependant, avait déjà repris son sang-froid. Il appuya l’oreille contre la poitrine de Violaine. Ses paupières frémirent, signe, chez lui, d’émotion vive.

« Eh bien ? » cria Jean exaspéré d’angoisse.

Antoine ne répondit point. Nous le connaissions trop pour ne pas deviner ce que signifiait son silence.

Jean essaya d’écouter à son tour ; mais il dut y renoncer. Le bruit de ses artères lui eût à peine permis de percevoir les battements normaux d’un cœur. J’échouai également, assourdi par le tumulte du sang.

« Il n’y a qu’à regagner le Stellarium », fit Antoine dont le visage avait presque repris son aspect normal.

Jean souleva Violaine et nous nous acheminâmes vers l’abri. Nous faisions, Antoine et moi, des bonds