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LES NAVIGATEURS DE L’INFINI

tibles, ébauches confuses dont l’évolution est trop lente pour qu’il soit possible de la suivre convenablement. Il faudra des temps très longs pour que nous arrivions à des notions précises.

Ce jour-là, je rêvais devant le double site, l’un riche, comparable à la vie terrestre, l’autre désespérément désertique. Des Zoomorphes circulaient en tous sens, mais ne franchissaient pas les limites qui séparaient leur morne zone de la zone végétale.

Un Zoomorphe géant, long de cinquante mètres, se trouva en face du plus monstrueux des animaux martiens aussi massif que nos rhinocéros mais plus haut sur pattes. Le contraste était saisissant entre l’organisme aplati contre le sol qui faisait songer à une punaise aussi vaste que la projection d’un cachalot ou d’une baleine et l’énorme carnivore haut de trois mètres, vêtu de soie pourpre, la tête en pyramide illuminée par six yeux énormes, six flammes de phare.

La distance qui les séparait n’excédait pas une vingtaine de mètres.

« On dirait que le carnivore s’aperçoit de la présence du Zoomorphe, dit Violaine, assise près de moi.

— C’est possible, Violaine, mais guère probable.

— Aucune émanation, je crois, ne trahit le Zoomorphe et son aspect est aussi minéral que le sol sur lequel il repose. Si le carnivore était conscient de la vie de l’autre, il devrait savoir que les Zoo-