Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/100

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zon, sauf vers l’orient et l’occident, devenait d’une clarté précise, et je pus voir, loin dans le nord, une tache imperceptiblement mouvante que je signalai à mon frère des eaux. Il fixa la direction dans sa tête, courut vers le lac et plongea… Je le vis dans les voiles cristallins, tout grossi et déformé par une ondulation légère, la tête tournée vers le nord. Je compris que ses vastes prunelles cueillaient sous l’eau les lents et lointains rayons, et mon impatience se compliquait d’une sensation de prodige. Il reparut enfin. Son cri batracien annonça la nouvelle à ses frères et il disparut vers le nord avec une foudroyante rapidité. Une centaine de ses compagnons, armés de harpons hélicoïdaux, se jetèrent dans son sillage.

Le même radeau où, naguère encore, je m’installais avec Sabine dans nos flâneries sur le lac, fut aménagé. J’y pris place, muni de ma carabine et de mon couteau, et, bientôt, je fus entraîné avec une vitesse surprenante,