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Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/101

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mais pas plus considérable que celle dont l’autre radeau, là-bas, filait, lui aussi, emportant dans l’épouvante ma fiancée.

Toutefois, cette vitesse, le sommeil du vent et de l’eau, apaisèrent un peu mon angoisse. J’examinai la situation avec plus de sang-froid. De tout ce que j’avais vu, tant chez les Hommes-des-Eaux noirs que chez les autres, j’osai conclure avec assez d’assurance que le jeune ravisseur n’userait pas d’abord de sa force. N’avais-je pas assisté à leurs patientes aventures, à leurs longs circuits amoureux, à tout ce que déployait de ruses gracieuses, de douces implorations, l’amant pour obtenir les faveurs de son élue ? Et quelle probabilité que le chef noir en usât autrement avec Sabine ? La singularité même de l’aventure ne devait-elle pas exciter les tendances de la race qui allaient plutôt au charme qu’à la violence ? Puis, les mœurs ne s’enfreignent pas aisément chez les peuplades primitives. En