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Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/106

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vis avec une sorte de joie féroce deux cadavres noirs monter vers la surface. Puis le guet reprit ; les nuages de bourbe se dissipèrent, je pus revoir le plomb terni et l’or de la vase, les ombres irisées et les globules de vif-argent, toute la cristallerie tremblante du flot. Je compris alors que l’attaque était aussi dangereuse que la défense, qu’il ne fallait pas négliger un instant de se couvrir. Mais comment cette tactique pourrait-elle se prolonger ? La réflexion que j’en fis m’éclaira. Je perçus que les deux camps, avant de recourir à la bataille, se disputaient une position stratégique et que cette position allait dépendre de la capacité à rester sous l’eau. Ceux à qui faillirait la respiration se verraient obligés de remonter, de se découvrir. J’attendis avec anxiété cette minute critique en tournant parfois les yeux vers le radeau de Sabine, arrêté comme le mien, très loin.

Le massif de roseaux épandait vers l’est