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Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/115

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Nous gagnions visiblement. De quart d’heure en quart d’heure, le radeau de Sabine devenait plus distinct, et je jetai un cri de suprême allégresse en voyant se dessiner confusément sur le ciel une silhouette de femme. Mais l’angoisse mordit mon cœur à ce même moment : le jeune chef, plutôt que de nous abandonner Sabine, ne l’attirerait-il pas au fond du lac ?

Ah ! qu’elle ne soit pas traînée dans les lourdes nappes de l’humide, son pauvre corps plus doux qu’un corps d’oiseau, son être aérien, sa beauté de créature faite pour peupler les jardins fragiles de notre Occident.

Encore plus près, l’adorable silhouette précise au point que je reconnaissais le petit mantelet ailé de Sabine. Je m’étais mis debout, mon cœur ne semblait pas dans ma poitrine, mais répandu dans l’espace. Je n’avais plus que l’impression du soleil sur le lac, de la brise douce, du cri de mes