Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/119

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des iris de soies posées à plat sur l’eau.

Je m’occupais à ces choses dans une hébétude sinistre, le drame de tantôt relégué maintenant au double fond de mon être. Un temps interminable s’écoula, puis mon regard perçut la présence d’un homme dans le lac. Je le voyais confusément, car il se trouvait à une grande profondeur ; il ne se déplaçait point avec l’ordinaire vitesse de ses congénères, mais plutôt avait une nage prudente et sans entrain.

Il remonta. À son bras traînant, enveloppé de linges, je reconnus l’enfant capturé dans le massif de roseaux. Il tenait de sa main valide un objet brillant, mon couteau, qu’il était allé chercher au fond du lac.

Je l’aidai à reprendre sa place auprès de moi ; mais tous ces mouvements avaient réveillé l’atroce souvenir, et, le cœur torturé d’épouvantable certitude, je tombai dans un désespoir sans mots.

J’en sortis à une pression sur mon épaule.