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Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/125

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premiers arbres et les premières collines de la rive. Dans l’indécision sur le choix de mon atterrage, j’éveillai l’enfant. Il me montra, à un kilomètre sur la droite, un point marqué par le moutonnement d’une grande forêt. Bientôt nous trouvâmes l’entrée d’un vaste chenal et, sur l’ordre de l’enfant, j’y engageai le radeau. Les eaux étaient si lentes qu’elles semblaient plutôt sortir d’un lac que descendre d’une montagne. À droite et à gauche, sur les bords, en piliers colosses, des arbres jaillissaient du fleuve, formaient de gigantesques colonnades. Une impression de froid tombait des branches ouvertes comme de vastes mains. Le couchant se tenait au fond du chenal, et l’onde apportait dans ses plis quelques sanglantes clartés. On voyait, sous l’eau, le tronc des arbres à quinze pieds. Il errait de gros poissons aveugles, d’énormes crustacés verdis d’algues et surtout des céphalopodes d’une espèce inconnue, aux yeux immenses. Tout