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Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/126

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dénonçait la vie de l’ombre, pâle, fiévreuse, la fécondité blême des bêtes et des plantes qui ont renoncé à la lumière. Des algues admirables tapissaient les endroits peu profonds, longues de plusieurs mètres, traînant leurs cheveux fauves dans le sens du courant, des lichens, largement ciselés, s’étendaient en strates bizarres, et partout pâturaient des insectes semblables à des tortues aux énormes boucliers ovales. Une araignée, grosse comme le poing, suspendue aux branches par un fil, plongeait pour saisir des proies molles ; de grosses mouches blanches volaient sur des champignons livides. Ma godille dérangea un mammifère à bec d’ornithorynque, et il voletait des nuées de chauves-souris.

À mesure que nous avancions, l’ombre tombait davantage. Le chenal levait plus haut ses collines, ses arbres penchés, et j’avançais dans une grandiose horreur, dans une passion de ces terribles choses