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Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/129

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qu’en trois heures je ne fis pas deux kilomètres. Une sorte de falaise obscure se dressait alors devant moi, tandis que sur la gauche venait une singulière éclaircie. Et vraiment était-ce déjà le soleil ? L’aube filtrait-elle maintenant à travers la forêt ? Je dirigeai le radeau vers la clarté. Dix minutes suffirent pour tourner le coude, et un vaste paysage, plus brillant qu’un paysage de neige sous la lune, apparut. Pourtant ni la lune, ni le soleil n’éclairaient.

Une luminosité errante, aux larges moires, reposait sur le fleuve, étendu maintenant aux proportions d’un lac. Les eaux, qui se perdaient très lointain dans une forêt inondée, étaient basses, car on voyait les premières bifurcations des racines des arbres. De ces racines partit la lumière en cercles denses qui allaient se dégradant. Mais elle était sans ombre comme une nappe colosse de flammes rases, et, partout, la lueur se mouvait, ondulait, s’éteignait,