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Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/131

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rivaux, la vie réfugiée aux rêves, aux théories confuses, aux consolations du Nirvana.

Cependant le phénomène se compliqua de la présence d’un être. C’était, tout là-bas, sur un îlot, un homme dont la silhouette se mouvait sur le fond de lumière. Cette silhouette géante atteignait aux premières branches d’un frêne, à trois mètres du sol. Elle était très mince et je vis bientôt que toute sa hauteur tenait dans ses jambes. Trois, quatre autres hommes semblables parurent sur l’îlot, puis ils entrèrent dans l’eau, qui leur venait à la ceinture. D’un pas rapide ils se dirigeaient vers nous, et j’éveillai mon compagnon.

Effaré, ébloui de la trop vive lueur, il porta la main à ses yeux pour mieux voir, et rien dans l’exclamation qu’il poussa n’exprimait la surprise ni la frayeur. Cependant les hommes approchaient. Selon la profondeur, on voyait émerger leur buste plus ou moins ; parfois même leurs jambes ne plongeaient