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Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/132

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pas, et j’eus le temps de reconnaître que ces jambes, excessivement grêles, correspondaient à des bras d’une longueur démesurée, secs et minces comme des lianes, et recouvertes d’écailles jaunâtres sans trace de poils. Le tronc était au contraire velu et blanc, la poitrine exiguë, la tête petite, aux grands yeux froids dans une excessive mobilité.

L’enfant semblait prendre plaisir à leur présence, un plaisir mêlé de raillerie. De loin il leur parla. J’écoutai avidement leur réponse. Ils n’avaient pas la voix batracienne, l’accent humide, le clapotement des lèvres de mes Hommes-des-Eaux ; mais, au contraire, le son sourdait en basse-taille de leur poitrine et ils articulaient dur, coupant les syllabes d’un martellement continu des mâchoires.

Graves, ils entouraient notre radeau. Tout leur être donnait l’impression d’une race triste, confinée à des territoires ingrats. Dans la demi-clarté, ils apparaissaient d’un