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Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/135

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probablement à l’époque de la reproduction, d’un mouvement semblable à celui des têtards, et, de plus, phosphorescents.

Après des heures de course, le chenal commença de se rétrécir et bientôt l’eau monta jusqu’à la gorge de nos pauvres échassiers haletants. Ils nagèrent quelques minutes, puis, rendus, ils abandonnèrent le radeau et gagnèrent la rive.

Nous étions juste au seuil des ténèbres, car la nappe de zoospores ne s’étendait pas dans le chenal rétréci. Je criai des remerciements à mes aides. L’enfant aussi leur envoya des paroles cordiales. Ils y répondirent par le martellement confus de leur lourde voix et se mirent en marche sur la rive. À mesure qu’ils s’éloignaient, mon intérêt pour eux allait croissant : rien de plus humble, de plus pitoyable que leurs tristes squelettes, soit qu’ils le pliassent comme de bizarres marsupiaux ou que, debout, ils eussent la mélancolie des êtres trop frêles et trop longs.