Aller au contenu

Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/169

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nageurs émergeassent de temps à autre pour nous saluer, jamais nous ne pûmes l’apercevoir. Cette singularité nous frappa peu alors. Nous étions si heureux, si certains d’un bel avenir d’amour et de gloire. Nous ne songions qu’à retrouver Devreuse et le reste de l’expédition, à retourner en Europe. Deux heures coulèrent ainsi.

Nous devisions encore, les doigts entrelacés, lorsque je fus projeté sur le sol avec une force irrésistible, et Sabine saisie, emportée comme une feuille dans un cyclone. Quand je me relevai, l’athlète sombre fuyait avec Sabine dans la direction de la rivière. Il contournait pour cela le lac sur un sentier dont le bord tombait à pic dans l’eau et qui s’adossait d’autre part à une haute muraille rocheuse. L’enfant courait derrière lui. L’homme farouche, à un moment, s’arrêta, intima à l’enfant de s’en retourner. Celui-ci poussait de grands cris. Moi, j’étais déjà sur ses traces, je courais au long du sentier.