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Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/189

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insolite. J’avais un pressentiment. Il ne tarda pas à se réaliser. Sur un cri guttural du vieux, deux nègres colosses s’emparèrent de Marandon et l’allèrent lier à un tronc ébranché de myonnbo. Deux autres personnages s’apprêtaient à me saisir, mais le vieux leur fit un signe ; ils se bornèrent à me pousser dans la direction de mon ami. Quand je fus proche, le vieux cria quelque phrase, tout en agitant une hache de jade à proximité de mon visage, puis il se dirigea vers Marandon.

Il y eut une pause, pendant laquelle les guerriers poussaient de longues acclamations. Elles redoublèrent lorsque le roi se décida à immoler mon ami. Marandon poussa trois cris horribles et, — du moins je l’espère, — mourut sur le coup. Ce fut le signal du festin. Une vaste odeur de viandes rôties se répandit dans l’atmosphère. Pendant plus d’une heure, la peuplade se gorgea de chair humaine.