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Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/188

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une harangue qu’il termina par trois coups de sagaie dans le sol. À l’instant, il descendit du tertre une troupe chargée de cadavres, parmi lesquels nous reconnûmes nos amis Bouglé et Tarnier. À mesure qu’on déposait un des cadavres, les chefs lançaient un appel. Des guerriers s’avançaient un à un, détachaient qui une tête, qui un membre, qui une partie du torse — prélude d’une vaste fête anthropophagique. Ces opérations s’exécutaient dans un silence relatif. Aucun guerrier ne toucha aux cadavres des blancs ; ils furent partagés entre neuf des chefs, sans préjudice d’une portion de viande noire. Quant au vieux et aux deux derniers chefs, ils se contentèrent de se partager un nègre :

— Est-ce qu’ils feraient fi de la chair blanche ? goguenarda mélancoliquement Marandon.

Je lui jetai un regard d’angoisse : c’est que les chefs nous considéraient d’une façon