Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/21

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Chaque jour, Sabine Devreuse m’était devenue plus chère : par elle, une lumière de grâce, une joie supérieure accompagnait le voyage. Par elle, les haltes du soir devenaient un incomparable poème. Avec sa physionomie sensitive, sa bouche finement tendre, elle était d’une grande résistance — jamais malade, rarement lasse. — Oh ! oui, qu’elle était le charme de nos expéditions, l’églantine exquise de notre rude buisson d’hommes.

Un matin, nous crûmes aborder un pays plus praticable. Le commandant triomphait déjà, tandis que nous traversions une manière de plaine fiévreuse, à peine constellée de petites mares :

« Nous allons déboucher par l’est… probablement dans des savanes… comme j’avais prévu, » disait-il.

Je ne partageais pas son optimisme ! L’œil fixé à l’horizon, j’avais le pressentiment de périls plus considérables. Bien-