Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/22

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tôt en effet, les eaux revinrent, les eaux perfides et pernicieuses. Par surcroît, une pluie interminable commença de tomber. La plaine s’étendait mi-pierreuse, couverte par places d’une mousse spongieuse et d’un lichen muqueux. Les marécages se multiplièrent, on perdait des jours à les contourner, pendant que toutes espèces de bêtes palustres glissaient autour de nous, épouvantaient nos chevaux. Nos imperméables troués nous couvraient mal ; nous étions mouillés jusqu’aux os. La halte du 30 août, sur une petite éminence schisteuse, sans abri, sans combustible, fut parmi les plus accablantes de notre voyage.

Le commandant, raide et dur comme les conducteurs assyriens qui mènent les captifs sur les bas-reliefs de Khorsabad, ne parlait pas. Un abominable crépuscule mourait dans le déluge. L’humide implacable, les grisailles funéraires, le sol indigent et fiévreux, accablaient les âmes. Seule, Sabine