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Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/222

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piège sans fin. Aucune bête qui n’eût la préoccupation de tromper sur sa présence, — l’une pour fuir la dent et la griffe, pour éviter d’être engloutie, toute palpitante encore, l’autre pour capturer la chair et le sang dont elle tissait ses muscles. Malgré le voisinage de Saïd, le frisson de la mort me passait parfois sur l’échine : il suffisait de si peu pour anéantir ma chétive structure… Nous avancions cependant ; la soif nous tourmentait davantage ; et je commençais à m’énerver, lorsque Saïd poussa un rauquement joyeux. Je le connaissais assez pour savoir que l’eau devait être proche. Elle ne tarda pas à paraître. C’était, parmi des palmiers, une petite nappe qui vacillait faiblement. La source, à peine jaillie de terre, y rentrait par une fissure. À notre arrivée, un sanglier grogna et s’enfuit ; une panthère bondit parmi les feuillages ; des chacals s’écartèrent. Je m’avançais dans l’ombre de Saïd, participant de sa force et de son dédain.