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Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/230

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assiégés comptaient quelques morts ou blessés. L’issue de la lutte ne semblait pas douteuse. Lorsque les nègres seraient assez proches, il leur suffirait de s’élancer à l’assaut.

Quand je me fus rendu compte de cette situation, je pris la louable résolution de me tenir tranquille, mais je ne pus me résoudre à fuir. Caché parmi les végétaux, côte à côte avec Saïd, qui paraissait concevoir la nécessité du silence et de l’immobilité, j’attendis la fin de l’aventure.

Toutes mes préférences allaient aux assiégés, — d’abord à cause du sentiment qui nous porte à prendre, du moins dans notre cœur, le parti du plus faible ; ensuite parce que tant de mois passés loin des hommes de ma sorte, me les rendaient plus sympathiques. Dans ces immenses solitudes, les personnages vêtus du costume targui me représentaient la race blanche ; ma poitrine palpitait pour eux de crainte et d’enthousiasme. Si j’avais eu