Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/26

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la gauche, plus près de notre carré que des chevaux.

« Un coup au jugé, » — me dit Devreuse.

J’étais incontestablement le meilleur tireur au jugé de la troupe, je crus pouvoir viser à cent pas… Un rugissement suivit la détonation ; nous entendîmes trois fois la chute d’un corps lourd. Le tigre était maintenant proche. Son souffle était violent, saccadé.

« Alcuin, Lachal, tirez ! » dit le chef.

À la lueur des amorces, nous entrevîmes la silhouette formidable, accroupie pour un élan suprême ; puis, avant que Devreuse eût pu donner un nouvel ordre, la bête fut sur nous. Dans l’impénétrable ténèbre un cri de mort, deux secondes d’horreur infinie. Personne n’osait tirer ! Puis un nouveau cri, un craquement de mâchoires. Enfin, quelqu’un tira.

La lueur montra deux des nôtres renversés, le tigre dressé, prêt à en terrasser un troisième. Mais, en même temps, la position