Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du fauve était connue — des carabines s’abattirent.

Quatre détonations… La bête poussa un gémissement épouvantable, puis il se fit un court silence.

« Lui blessé ! » — chuchota notre guide.

À peine avait-il parlé, qu’un rauquement répondit. Je sentis le passage d’une masse formidable, je fus saisi implacablement, irrésistiblement, roulé, secoué, emporté, comme un passereau par un lynx.

« Je suis perdu ! » pensai-je.

Il me vint une résignation incroyable. Je m’abandonnai à la mort. Je n’avais aucun mal ; j’étais dans un délire lucide, je tenais machinalement ma carabine… Un temps indéterminable s’écoula, puis un arrêt brusque. J’étais sur le sol. Une haleine forte et fétide me soufflait sur la face… Et soudain toute ma résignation me quitta, se changea en terreur immense, en regret démesuré de la vie… Une griffe s’abaissa, je sentis