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Aïcha soulève son voile


Aïcha parut plus obscure encore les jours qui suivirent. Elle ne se mêlait plus à nos palabres, elle se tenait à distance aux campements ; elle s’éloignait, furtive, lorsque j’approchais d’elle. Nous traversâmes un désert, puis nous revîmes des terres fraîches. La difficulté d’éviter le contact des hommes s’accrut ; deux ou trois fois, nous aperçûmes des nègres. Ils n’osèrent toutefois pas nous attaquer, mis en fuite par la présence inconcevable de Saïd. Nous continuions à marcher vers l’ouest et vers le nord, sans savoir si le danger était moindre par là, mais soutenus par l’espoir de rallier quelque tribu amicale.

Un soir, nous dormîmes dans un village abandonné, ou plutôt détruit. Le feu avait dévoré la plupart des paillotes, les plantations étaient ravagées, et des squelettes