Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/309

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coucha à mes pieds pour m’indiquer qu’il y aurait péril à s’avancer davantage.

Cette leçon de sagesse fut inutile : un formidable hennissement roula par les profondeurs de la caverne. D’autres suivirent, puis le tapage de chevaux qui s’ébrouent, le cri bizarre des méharis, enfin une voix d’homme hurlant des ordres ; des sanglots de femmes apeurées. Je pris Saïd par la crinière et nous nous sauvâmes jusqu’à l’entrée de la grotte. Là, mon premier mouvement fut de gagner la forêt ; mais je réfléchis que je perdais ainsi une occasion unique de revoir Aïcha. Je résolus donc de jouer une partie décisive et de me cacher avec Saïd aux environs. Il me resterait au besoin, comme dernière ressource, une attaque foudroyante avec l’aide du lion. Je choisis un groupe de pierres assez hautes pour nous cacher, et, le cœur palpitant, j’attendis.