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Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/319

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J’avais craint que la détonation n’attirât Saïd ; mais, soit qu’il n’osât pas enfreindre mes ordres, soit qu’il n’eut pas entendu, rien ne décela son arrivée. Faible, déprimé, languissant, j’avais faim, j’avais froid et ma vie tenait à un fil !… À la fin, las de son guet inutile, l’Arabe rejoignit ses compagnons. Je balançai une minute entre le projet de me remettre à l’eau et celui de m’avancer en rampant sur les pierres. Les deux systèmes présentaient de graves dangers.

Je choisis cependant la route de terre, et ne tardai pas à m’enfoncer dans une galerie qui, tour à tour, s’éloignait de la rivière et y revenait. Le bruit des voix me guidait. J’arrivai ainsi jusqu’à une sorte de fenêtre : elle dominait une salle ronde où, sur une civière transformée en lit, gisait un blessé. Trois femmes étaient avec lui ; deux s’occupaient constamment de lui donner à boire et se penchaient vers sa bouche pour entendre ce qu’il disait, la troisième demeu-