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Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/320

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rait accroupie dans une pose découragée : je reconnus Aïcha. Par une chance inespérée, tandis que les autres me tournaient le dos, Aïcha avait le visage de mon côté. Sachant combien le moindre mouvement sollicite plus notre œil que l’objet le plus remarquable, j’agitai ma main tout doucement ; Aïcha leva les yeux !…

Elle fut émue, certes, mais, en vraie Mauresque, elle ne le manifesta ni par un cri ni par un geste. Son regard même, après une palpitation, s’immobilisa ; elle fixa sur moi des yeux sans expression. Cinq minutes coulèrent ainsi, puis, se levant, elle se promena comme quelqu’un qui se délasse et passa près de moi en murmurant tout bas :

— Attends.

J’attendis une heure. J’aurais attendu une éternité. Les sentiments qui m’agitaient allaient de la joie à la crainte mortelle. Si j’avais écouté mon impatience, j’eusse résolu l’enlèvement immédiat d’Aïcha ; mais je ne