Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/86

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bouillonnement violent souleva notre radeau : une demi-douzaine d’hommes émergèrent proche l’îlot. Comme nos hôtes, ils avaient les yeux bizarrement ronds, sans presque de sclérotique, les prunelles quasi creuses. Mais leur teint et leur chevelure étaient fort différents, et aussi leur attitude.

Ils nous observèrent à distance ; l’un d’eux, jeune homme athlétique, ne cessait de contempler Sabine. Armés de harpons, ils semblaient redoutables. Je frémis en les voyant approcher davantage. Sabine devint très pâle.

Tout à coup, celui qui contemplait Sabine parla, de la voix humide, clapotante, de sa race. J’eus un geste d’ignorance ; — ils firent entendre un cri de menace, ils agitèrent leurs harpons. La situation devenait critique ; j’avais bien ma carabine, que je tenais prête, mais, les deux coups tirés, comment nous défendre contre ces êtres familiers avec un élément où ils pouvaient se dérober ?