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Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/91

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geux, elle traçait une route tremblante sur les ondes. Les peupliers étincelaient avec douceur ; tout au fond, un pan de vapeur se défaisait, laissait transsuder une lumière de métamorphose. La lueur parut y tracer une citerne, un cratère blême, net sur les bords, des écharpes de peluche blanche et des perles.

La troupe des hommes poursuivait sa danse aquatique. L’eau se mit à chanter finement, cristallinement. Des voix s’élevèrent en appel ; des jeunes gens de notre île allèrent se joindre à la fête nocturne.

Comme ces scènes m’eussent paru charmantes et passionnantes sans la présence de Sabine ! Quelle joie d’étudier les mœurs de ces êtres demeurés d’une antique race aquatique qui, peut-être, avait dominé sur des continents entiers !

Parfois, je m’abandonnais, je goûtais abondamment la poésie du spectacle. Mais bien vite revenaient mes doutes. Et certes,