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Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/90

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pression de son regard, avide, équivoque, me fit frissonner.

Ils retournèrent au lac. Alors, notre ami, secouant la tête, laissa nettement paraître son inquiétude. Il me fit signe de veiller sur Sabine, et que lui-même ferait bonne garde.

La nuit fut pénible. Des lueurs couraient sur le lac et parmi les feuillages des îles. On entendait des musiques étranges ; on entr’apercevait des troupes sur les eaux.

C’était à la lune décroissante. L’astre se leva, au tiers rongé, vers onze heures du soir. Des nues lui faisaient cortège, une pâle théorie qui parcourait tout le zodiaque. Par instants, la lune passait sa tête jaune dans une fenêtre vaporeuse : alors on apercevait les remous du lac traversé par de grands corps véloces.

Vers une heure, les Sombres vinrent en masse, à moins d’une centaine de mètres de notre île. La lune avait blanchi ; elle surgissait finement sur un promontoire nua-