Page:Rosny aîné - Le Cœur tendre et cruel, 1924.djvu/90

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peut pas aimer mieux que je ne vous aime !

Il avait la voix si rauque et si brisée qu’on eût dit qu’il sanglotait ; mortellement pâle, tout son être exprimait une émotion épouvantée, discontinue et tragique.

Quelque chose de maternel s’éleva dans le cœur de Marie. Elle attira l’adolescent, elle le força à s’asseoir à côté d’elle. Pendant une minute, elle ne parla pas, palpitante d’amour, de pitié et d’étonnement. Il se calmait un peu, honteux d’avoir été si faible, et fier d’avoir parlé.

Enfin, Marie demanda :

— Pourquoi m’aimez-vous ?

Comme toutes, elle voulait avoir été « reconnue ».

— Je crois, dit-il, que j’ai toujours été sur le point de vous aimer.