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Page:Rossel - Histoire des relations littéraires entre la France et l’Allemagne, 1897.djvu/228

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HISTOIRE DES RELATIONS LITTÉRAIRES

le Roi aveugle de Louis Uhland. Heine fut assez dur pour Uhland, dans son Etat actuel de la littérature allemande (1833), mais Gérard de Nerval fut plus juste et salua la résurrection si objective et si fraîche du moyen âge, ainsi que l’heureux mélange du fantastique et du sentimental, dans les poèmes du noble et gracieux chantre de Souabe. Vers le même temps, dans un curieux parallèle entre « Déranger et Uhland », Louis Borne disait le charme très pur et très élevé de celui dont il essayait de traduire l’une des ballades les plus populaires : Des S’àngers Fluch. Blaze de Bury, Nicolas Martin, X. Marmier, Max Buchon, A. Michiels, plus tard Louis Ratisbonne, Marc Monnier, Amiel, Paul Gautier ont traduit, les uns en vers, les autres en prose, les ballades et les lieder les plus connus d’Uhland. MM. G. Lacroix et Welschinger prirent même, en suivant une ingénieuse indication de Blaze de Bury, le thème d’une pièce de théâtre dans la Fille de l’Orfèvre. Il faut avouer néanmoins que notre littérature doit peu de chose à Uhland. On l’a interprété, — ainsi M. Potier de Gyprey vient de publier un volume de Poésies choisies d’Uhland (1895) — mais, à part Deschamps et Grosnard, on ne l’a guère imité, si d’ailleurs on l’a goûté beaucoup. Je rappelle cependant que dans les Notes et sonnets^ placés par Sainte-Beuve à la fin des Pensées d’Août, on pourra lire Les Brigands, d’après Uhland, et deux sonnets empruntés, l’un à Rûckert, l’autre à Justin Kerner. Ajoutons qu’il y a quelque chose de l’Allemagne dans Christel, une nouvelle que Sainte-Beuve donna à la Revue des Deux-Mondes en 1839 : le sujet d’abord, puis le passage où l’auteur décrit la bibliothèque de Christel, mentionne Klopstock, Matthison, « une littérature un peu vieillie, mais élevée et cordiale toujours [1] ».

  1. Zeitschrift für neufranz. Sprache und Litteratur, XIII, 157 et s.