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INFLUENCE LITTÉRAIRE DE L’ALLEMAGNE DEPUIS 1830


N’oublions pas que Louis Garnot traduisit les Griechenlied er de W. Muller, qu’on fut séduit par l’art exquis et la finesse profonde de Rûckert, que les chants nationaux d’Arndt, Kôrner, Schenkendorff ne furent point ignorés en France. Mais tout cela disparut bien vite. La Revue nocturne de Zedlitz frappa davantage l’imagination française ; d’où, les deux adaptations qu’en firent A. Barthélémy et Dumas père, l’une assez fidèle, l’autre extrêmement libre. On a prétendu même qu’il y a des réminiscences de la Ndchtliche Heerschau dans l’ode A l’Arc de triomphe de Victor Hugo :

Ceux de quatre-vingt-seize et de mil huit cent onze…

Nicolas Martin a mis en français le délicieux conte d’A. de Ghamisso, Peter Schlemihl, « l’homme qui a vendu son ombre » ; et ce morceau a passé dans les éditions scolaires. On aurait bien dû traduire aussi les stances émues du Château de Boncourt, où Chamisso se souvient avec attendrissement de son ancienne patrie :

Songeant aux jours de mon enfance,
Sous mes cheveux blancs, je te vois,
lieu natal, terre de France
Qui fus ma patrie autrefois…


On a célébré en Platen, auquel M. P. Besson a consacré récemment (1894) une étude si consciencieuse, a le poète épique par excellence de son pays ». Max Buchon a publié les Poésies complètes de Hebel (1853), les Poèmes allemaniques (1864), et Pierre Dupont a eu soin de ne point fermer l’oreille à la muse avisée et souriante du bon Hebel. A ses essais de jadis, à ses Poésies d’un voyageur (1844), X. Marmier joignit ses Dernières glanes. Joseph Boulmier, dans ses Rimes loyales, intercala quelques stances de Z. Werner, de Heine, de Herwegh. De Ghâte