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Page:Rossel - Voyage de Dentrecasteaux, envoyé à la recherche de La Pérouse.pdf/123

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DE DENTRECASTEAUX.

1792.
Avril.
au petit cabestan en même temps que l’on viroit le câble au grand cabestan, ont successivement rompu : l’ancre a cependant cédé à des efforts redoublés, après trois heures de travail. D’après cette épreuve, j’ai jugé qu’il suffisoit d’une ancre à jet pour nous tenir; et ce ne devoit être qu’à la dernière extrémité que nous devions laisser tomber celle du bossoir.

L’eau est très-abondante dans ce havre; par-tout où l’on creuse, on est assuré d’en trouver. Une rivière, qu’il faut remonter, il est vrai, à quelques encablures pour que l’eau en soit parfaitement douce, en fourniroit autant que l’on pourroit en desirer ; mais comme il y a peu de fond à l’em­bouchure de cette rivière, et quelle est traversée et embarrassée par des arbres tombés dont les branches couvrent toute sa surface, ce ne seroit qu’avec beaucoup de peine qu’on parviendroit à la remonter avec une chaloupe : nous nous sommes décidés pour le ruisseau marqué sur le plan, où l’eau quoique moins claire est tout aussi bonne, et un peu moins difficile à faire.

Ce havre fournit du poisson en très-grande abondance ; les équipages en prenoient à la ligne la quantité nécessaire pour leur subsistance; et quand le temps permettoit d’envoyer jeter la seine dans le port du Sud, on étoit presque toujours assuré de ramener des bateaux pleins de poissons de grandes et de belles espèces. L’on trouve, dans les environs du port du Nord, beaucoup de perroquets, de cygnes, de canards sauvages, des pélicans, des aigles et des corbeaux. Plusieurs
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