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VOYAGE

1792.
Avril.
chasseurs assurent avoir vu même des compagnies de perdrix et quelques tourterelles. Ces divers gibiers sont bons à manger : aussi, quoique la saison fût bien avancée, nos équipages n’ont presque pas manqué de vivres frais.

Un des soldats destinés à suivre M. de la Billardière dans ses courses, a assuré avoir entrevu un naturel qu’il n’a aperçu qu’à l’instant de sa fuite, occasionnée, sans doute, par la frayeur que doit lui avoir causée le bruit très-nouveau d’un coup de fusil qui venoit d’être tiré à côté de lui : le soldat n’a pu apercevoir ce naturel que par derrière et un peu par le côté ; il l’a jugé très-jeune à sa taille. M. de la Billardière et ses autres compagnons, qui alors n’etoient pas très-éloignés de ce soldat, se sont dispersés, lorsqu’il leur fit part de sa découverte, et ont cerné l’endroit vers lequel il disoit avoir vu s’enfuir le sauvage : mais leurs recherches ont été inutiles ; ils ont trouvé seulement une petite hutte, ce qui donne de la vraisemblance au récit de cet homme, dont rien d’ailleurs ne devoit faire suspecter la bonne foi. On a trouvé dans cette case un morceau d’algue marine desséchée, très épais et très-dur, suspendu par un cordon de paille : à sa forme, on le pouvoit présumer destiné à couvrir les parties naturelles. Mais cette conjecture paroît détruite par l’absolue nudité des habitans de la baie de l’Adventure, avec lesquels les habitans de cette côte doivent avoir de la ressemblance. M. de la Billardière a trouvé, dans cette même course, et a rapporté les vertèbres d’un animal que nous avons jugé devoir être d’une très-grande espèce.