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Page:Rossel - Voyage de Dentrecasteaux, envoyé à la recherche de La Pérouse.pdf/125

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DE DENTRECASTEAUX.

1792.
Avril.
Indépendamment des huttes dont on a déjà parlé, il y a tout lieu de croire que les naturels se procurent des abris plus sûrs et moins resserrés dans le creux des grands arbres que l’on trouve à quelque distance du rivage, et qui, moins pressés entre eux, s’étendent davantage : du moins avons-nous vu presque tous les arbres de forte dimension, et par conséquent les plus vieux, consumés en dedans jusqu’à une très-grande hauteur, par le feu qui avoit été mis au pied ; quelques-uns même étoient percés jusqu’au sommet, et ressembloient à des arbres frappés de la foudre, dont il ne resteroit qu’une enveloppe très-mince. Leurs racines pénètrent peu dans la terre, soit à cause de la qualité et de l’épaisseur du terrain qui ne leur permet pas d’entrer plus avant, soit par la nature de ces arbres, qui les rend propres à étendre les ramifications de leurs racines plus en surface qu’en profondeur. Il en résulte que la partie noueuse d’où elles partent, et qui est la plus grosse, étant presque toujours hors de terre, donne à l’arbre un diamètre prodigieux. L’un de ces arbres que je fis mesurer à hauteur d’homme, avoit vingt-cinq pieds huit pouces de circonférence. Il étoit absolument creux ; et il ne restoit plus qu’une très-petite partie extérieure du tronc, qui étoit cassé à la hauteur de trente pieds : plusieurs hommes pouvoient y être couchés dans toute leur longueur et très-à-l’aise. Il est à remarquer que l’ouverture des arbres qui sont creusés, est presque toujours vers l’Est, sans doute pour abriter des vents d’Ouest, qui sont vraisemblablement les plus violens ; car